mardi 2 octobre 2018

CRITIQUE #3 - A bout de souffle (1960): le film qui ne vous tient pas en haleine

A bout de souffle sort en 1960 et est réalisé par Jean-Luc Godard. Film phare de ce dernier, il raconte l'histoire d'un homme, Michel (joué par Jean-Paul Belmondo), qui tue un policier et s'échappe pour rejoindre la femme qu'il semble aimer, Patricia (jouée par Jean Seberg), à Paris. Film totalement expérimental, critiquons l'oeuvre présentée par Godard.

Le scénario, en lui-même, ne présente aucun intérêt: l'histoire est d'une grande simplicité et n'implique aucun moment de réel suspense. Nous sommes quand même en droit de nous demander si Godard n'a pas, à un moment ou à un autre, essayé d'instaurer un semblant de rythme scénaristique avec la recherche de Michel par les policiers. Le résultat, si l'un des objectifs était d'instaurer une tension, est clairement raté. La poursuite a des airs de burlesque, où les personnages se ratent de peu et où le personnage principal s'échappe toujours. Même le meurtre du policier, au début du film, arrive trop soudainement pour y déceler un élément source de tension.
En dehors de ça, le film s'organise autour d'un vagabondage à Paris, sans réelle finalité, ce qui ne peut que nous désintéresser peu à peu du film et de son déroulement.

On est donc logiquement amenés à examiner la construction du film, ses tenants et ses aboutissants. Une remarque à faire, assez simple mais nécessaire: Belmondo a un jeu horrible. Les normes du jeu cinématographique évoluant sans cesse, on peut penser que le jeu de Belmondo dans A bout de souffle est en accord avec son temps, or on ne peut que constater le décalage de niveau entre Belmondo et les autres acteurs (masculins), qui font preuve d'une plus grande finesse dans leur interprétation. Cela paraîtrait étrange que ce soit un effet de style, tant c'est le seul acteur jouant vraiment mal et qui donne pourtant l'impression de s'appliquer à avoir un jeu détaché.
Autre point à traiter dans la construction du film: son montage. Très certainement le plus expérimental dans tout le film puisque dès la mort du policier au début, un énorme faux raccord est fait, tellement gros que ce ne peut être que volontaire et que j'ai passé 3 fois avant d'être sûr que je ne m'étais pas trompé: le policier qui était derrière Michel sur la route se retrouve devant lui à tomber dans un fossé, après s'être fait tiré dessus. 
Autre élément de montage et assez exaspérant: les cuts. Omniprésents, les cuts sont utilisés absolument n'importe quand, même dans un plan d'ensemble qui n'en nécessite pas ou dans un dialogue entre 2 phrases d'un même personnage. Complètement en avance sur son temps, certes, puisque c'est un procédé qu'utilisent désormais la quasi-totalité des youtubeurs mais procédé qui n'a pas sa place à des moments aussi inopportuns. 

La musique est aussi absurde que le montage puisqu'elle passe d'une lenteur à une rapidité propre à un moment de tension dans des passages d'un calme plat. Au début, on croit à l'arrivée d'une action qui n'arrive pas, et on s'habitue donc à une musique hors-contexte qui ne joue plus avec nos nerfs, contrairement au début.

Nous sommes donc face à un film qui tente de nous captiver sans aucune histoire, sans dénouement et avec un montage absurde. Le pire? C'est qu'il y arrive et qu'on regarde le film sans s'ennuyer. Le film passe avec assez de fluidité, on ne s'ennuie pas mais on ne se passionne pas non plus pour ce qui est à l'écran. L'ambiance est assez légère, toutefois plantée d'une misogynie incarnée par Belmondo qui devient de plus en plus lassante.

 

Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo dans A bout de souffle


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