Sorti il y a déjà plus d'un mois, je n'avais jusque-là pas eu le temps d'aller voir First Man de Damien Chazelle, un des réalisateurs phares de ces dernières années puisque ce brave bonhomme de 33 ans a déjà réalisé deux chefs-d'oeuvre avant First Man qui ne sont autres que Whiplash et La La Land. Avec First Man, Chazelle remet le couvert pour nous servir une oeuvre grandiose, peut-être sa meilleure, même si Whiplash reste en tête pour ma part, et que de nombreux spectateurs ont flashé sur La La Land.
First Man raconte l'histoire de Neil Armstrong, à partir de 1961 jusqu'en 1969, date où il fera le premier pas sur la Lune. Le film dure 2h30 environ, mais ne les fait pas du tout sentir tant la qualité est au rendez-vous.
Si je dis du dernier film de Chazelle qu'il est peut-être son meilleur, c'est que je pense qu'il a réussi à y implanter un bien meilleur rythme que dans ses films précédents. Si Whiplash avait un meilleur rythme que La La Land et ce dernier avait une meilleure esthétique et un meilleur casting, Chazelle nous montre qu'il ne cesse de s'améliorer pour s'approcher chaque fois un peu plus de la perfection. First Man est d'une intensité rare qu'il est bon de trouver dans le cinéma, et qui arrive à nous empêcher de respirer. Une réalisation qui a ce pouvoir, c'est très rare et c'est d'autant plus difficile sur un film qui dure aussi longtemps. Cependant, sa structure scénaristique a tendance à dynamiser le film puisque s'intervertissent scènes de la vie privée et scènes de la vie professionnelle d'Armstrong: que vous soyez intéressé par les unes plutôt que les autres ou que vous adoriez l'ensemble, cette structure permet d'être en permanence en attente de la scène suivante.
Seulement, ce rythme ne serait fondé sur rien sans un casting incroyable. Si le casting est bon, il est totalement porté par Ryan Gosling, jouant le rôle principal. Non content d'être un des meilleurs acteurs de sa génération, Gosling se voit là attribué le rôle qui lui va le mieux: celui d'un introverti, d'une force tranquille. Gosling n'a jamais été aussi bon que dans Drive, sorti en 2011 et réalisé par Nicolas Winding Refn, dans lequel il a dû avoir 3 lignes de dialogue à tout casser. Oui mais voilà la vraie force de Gosling, transmettre des émotions sans parler, à la simple force de ses mimiques et de son aura brute. Neil Armstrong était donc visiblement un calme voire un timide, et attribuer son rôle à Gosling est sans aucun doute le choix le plus judicieux qui a été fait. J'ai aimé retrouvé les sourires en coin du Gosling de Drive et les brèves lignes de dialogues qui ne sont là que pour accentuer cette timidité caractéristique d'Armstrong, laissant une place totale au vrai talent de Gosling, qui sublime le film. On se sent d'autant plus proches de lui que de nombreuses scènes (étonnamment nombreuses d'ailleurs) soient filmées en vue subjective, du point de vue d'Armstrong comme vous l'aurez deviné. Ces choix de plans sont d'ailleurs excellents puisqu'ils permettent d'une part au spectateur de rentrer encore plus dans l'oeuvre, mais aussi car il lui permet de profiter au maximum des images magnifiques de l'espace.
Effectivement, même niveau esthétique on touche à l'excellence, même si des reproches sont à faire. Je n'ai pas été aussi enthousiasmé par La La Land que beaucoup d'autres, mais il faut avouer que ce dernier est magnifique et qu'il possède une esthétique qui lui est propre, chose que ne possède pas First Man, qui a une beauté, certes, mais une beauté impersonnelle qui éblouit moins que ce que l'on est en droit d'attendre d'un film de Chazelle, d'autant plus d'un film qui a l'opportunité de montrer la prestance et le mystère de l'espace. Si nous n'y avons que très peu droit, c'est très simple et l'explication se trouve dans le titre: tout se concentre sur l'homme. Ainsi, une séquence dans l'espace sera à 90% filmée depuis l'intérieur de la navette, en plan très rapproché sur Gosling, avec peut-être un petit hublot permettant de voir l'espace autant que le voit le personnage: niveau insertion c'est top, niveau magie du cinéma, on y est moins. De nombreux plans magnifiques existent tout de même, notamment un qui m'a particulièrement ébloui (et que je ne trouve pas sur internet), où une place est uniquement éclairée par la lumière de la Lune, quand tout le reste est plongé dans le noir.
Au niveau de l'esthétique, j'aurais aussi pu parler de la différence lumière/ombre qui différencie la vie professionnelle et la vie privée, à la fois pour rappeler le simple fait que vie professionnelle = sous les feux des projecteurs et vie privée = inconnu, ou encore que la vie privée est représenter par l'ombre à cause de la tristesse de la vie privée d'Armstrong, mais je pense que développer plus que ce que je suis en train de faire deviendrait du blabla inutile.
Enfin, après avoir parlé de rythme et d'image, il nous fallait l'élément unificateur, l'élément auquel Chazelle accorde visiblement une importance primordiale à chaque fois: la musique. Cette fois composée par Justin Hurwitz, la B.O est essentiellement constituée de légères instrumentales ou de sons d'ambiance, avec un côté très classique, très voluptueux de par la présence de harpes, de pianos, de violons,... En bref, la B.O est somptueuse et est un vrai plus au film, qui lui permet d'atteindre une dimension poétique acquise bien plus facilement par sa musique que par ses images.
Pour conclure, je pense que je n'ai pas grand chose d'autre à dire que de conseiller de voir ce film qui est une merveille. Merci Damien Chazelle pour nous donner autant de bon cinéma.
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